Le Maroc poursuit activement sa politique de renforcement des infrastructures en Afrique avec un projet routier d’envergure reliant Es-Semara à la Mauritanie via les communes d’Amgala et Tifariti. Ce corridor, dont les travaux ont débuté en 2017, affiche désormais un taux d’avancement global dépassant 95 %, selon Samih Zemmari, directeur provincial de l’Équipement à Es-Semara 125. Structuré en quatre tronçons totalisant 93 km, le projet mobilise un investissement de 49,72 millions de dirhams (MDH), dont 28,23 MDH consacrés au dernier segment de 53 km en cours d’achèvement à 88 % .
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Infrastructures et développement local
Au-delà de la route, le projet inclut une gare routière moderne à Amgala, s’étendant sur 3 600 m² et dotée de multiples équipements : mosquée, café, sanitaires et espaces fonctionnels. Cette infrastructure, financée à hauteur de 900 000 dirhams, vise à optimiser l’accueil des voyageurs et fluidifier les flux de transport. Parallèlement, une nouvelle ligne de taxis de première catégorie relie désormais Es-Semara à Amgala via Lagaida, renforçant la mobilité locale.
Une passerelle économique et géopolitique
Ce corridor s’inscrit dans l’Initiative Atlantique lancée par le roi Mohammed VI, visant à désenclaver les pays du Sahel en leur offrant un accès à l’océan Atlantique. Il permettra non seulement de stimuler les échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie, mais aussi de consolider la stabilité socio-économique des régions traversées, avec la création d’emplois locaux et le développement d’activités touristiques .
Vers un nouveau poste frontalier stratégique
Le projet prévoit l’ouverture d’un second poste frontalier à Bir Moghrein, complétant celui d’El Guerguerate. Ce passage, classé comme international par la Mauritanie, facilitera les échanges transfrontaliers et renforcera la sécurité grâce à la surveillance des Forces armées royales (FAR) et l’utilisation de drones. Cette initiative s’accompagne d’une extension du Mur des Sables, consolidant la défense contre les incursions du Front Polisario.
Enjeux géopolitiques et pressions régionales
Si le Maroc et la Mauritanie resserrent leur coopération, cette alliance suscite des tensions. Un responsable politique mauritanien a récemment dénoncé les pressions exercées sur Nouakchott pour qu’elle abandonne sa neutralité dans le conflit du Sahara occidental. Cette déclaration reflète les rivalités sous-jacentes, notamment avec l’Algérie, qui perçoit ce rapprochement comme une menace à son influence régionale.
Perspectives continentales
À plus grande échelle, ce corridor s’intègre dans un projet continental soutenu par la Banque mondiale, visant à relier le Maroc au reste de l’Afrique via des infrastructures modernes. Cette ambition s’aligne avec la vision royale de faire du Royaume un hub logistique et commercial incontournable.
Conclusion
Avec ce corridor, le Maroc affirme son rôle de pionnier dans l’intégration africaine. En combinant développement économique, sécurité renforcée et coopération Sud-Sud, le projet incarne une réponse concrète aux défis du continent, tout en consolidant la position stratégique du Royaume face aux enjeux géopolitiques régionaux.