Quand l’Algérie dit non au sacrifice de l’Aïd

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En avril 1963, Ahmed Ben Bella, alors chef du gouvernement algérien, a pris une décision inhabituelle en demandant aux Algériens de ne pas sacrifier de mouton pour l’Aïd el-Kébir cette année-là. Il a proposé qu’un seul mouton soit symboliquement sacrifié dans chaque mosquée au nom de toute la population. Cette initiative visait à renforcer la solidarité nationale et à préserver les ressources d’un pays qui venait tout juste de sortir de la guerre d’indépendance.

Contexte et justification de la décision

L’Algérie de 1963 faisait face à d’importants défis économiques et sociaux. Après une guerre d’indépendance longue et destructrice, le pays devait se reconstruire sur tous les plans : infrastructures, économie, et cohésion sociale. Dans ce contexte, Ben Bella a jugé nécessaire d’adopter des mesures visant à rationaliser les ressources et à éviter des dépenses inutiles pour une population déjà éprouvée.

L’appel du chef du gouvernement s’inscrivait également dans une logique de modernisation et de renforcement de l’État. Il souhaitait que les Algériens privilégient l’intérêt collectif sur les traditions individuelles, en adaptant les pratiques culturelles et religieuses aux nécessités économiques du pays.

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Réactions et portée de la décision

Cette décision a suscité des réactions diverses au sein de la population algérienne. Pour certains, elle représentait un acte de pragmatisme et de solidarité nationale, en adéquation avec les principes de justice sociale prônés par la révolution. D’autres, en revanche, y ont vu une ingérence de l’État dans les pratiques religieuses, ce qui a alimenté des débats sur la place de la tradition dans un pays en pleine transition.

Cette initiative de Ben Bella n’est pas un cas isolé dans le monde musulman. Des mesures similaires ont été prises dans d’autres pays en période de crise économique ou de nécessité nationale. Plus récemment, par exemple, le roi du Maroc a lui aussi appelé à ne pas sacrifier le mouton pour l’Aïd, une première en 29 ans. Avant lui, le roi Hassan II avait également pris une décision similaire en période de sécheresse et de difficultés économiques, appelant les Marocains à renoncer au sacrifice du mouton pour préserver le cheptel et assurer la stabilité alimentaire du pays. Cette décision, bien que controversée à l’époque, s’inscrivait dans une politique de gestion responsable des ressources.

Plus récemment encore, en 2023, le roi Mohammed VI a recommandé d’éviter le sacrifice du mouton dans un contexte économique difficile, réaffirmant ainsi la continuité d’une approche alliant pragmatisme économique et respect des traditions religieuses.

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Un héritage de réflexion

L’appel de Ben Bella en 1963 reste un épisode marquant de l’histoire post-indépendance de l’Algérie. Il met en lumière la complexité des décisions politiques dans un pays en reconstruction et la nécessité d’arbitrer entre traditions et impératifs économiques. Cette approche a trouvé écho dans d’autres nations, notamment au Maroc, où les souverains successifs, de Hassan II à Mohammed VI, ont adopté une posture similaire en temps de crise.

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