Les vraies raisons du boycott de l’Algérie de la Ligue arabe

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Le refus du président Abdelmadjid Tebboune de participer au sommet arabe d’urgence du Caire sur la Palestine, et son choix de déléguer le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, ne sont pas un simple geste protocolaire. Cette décision révèle une fracture profonde entre l’Algérie et une Ligue arabe accusée de double standard, entre son soutien inconditionnel au Maroc sur le Sahara occidental et son incapacité à défendre la Palestine de manière unie. Retour sur les racines d’une crise qui ébranle l’unité panarabe.


1. La Palestine, symbole d’une solidarité arabe à géométrie variable

Officiellement, l’absence de Tebboune s’explique par les « déséquilibres » dans l’organisation du sommet du Caire, monopolisé par un « groupe restreint de pays » – une allusion à l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ces États, promoteurs de la normalisation avec Israël, ont marginalisé les voix critiques comme l’Algérie, farouche opposante aux accords d’Abraham.

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Pour Alger, cette exclusion rappelle un schéma récurrent : la Ligue arabe privilégie les intérêts de ses membres les plus influents au détriment d’une position collective forte. « Comment prétendre défendre la Palestine tout en signant des pactes avec l’occupant israélien ? », s’interrogent les diplomates algériens. Une contradiction flagrente pour un pays qui, au Conseil de sécurité de l’ONU, porte une ligne intransigeante : aucun compromis sur un État palestinien viable.


2. Le Sahara occidental, l’abcès qui empoisonne les relations

Mais la colère algérienne ne date pas d’hier. Elle puise ses racines dans un autre dossier explosif : le Sahara occidental. Lors du sommet arabe d’Alger en novembre 2022, la Ligue arabe a imposé à l’Algérie, pays hôte, d’inclure le Sahara marocain dans la carte officielle de l’événement. Une humiliation pour Alger, qui soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et héberge les réfugiés du Front Polisario.

Ce forcing, orchestré par le Maroc avec l’appui de Riyad, Abou Dhabi et Le Caire, a été perçu comme une trahison. « La Ligue arabe défend la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais reste silencieuse quand Israël annexe Jérusalem-Est. Où est la cohérence ? », dénonce un expert algérien des relations internationales. Pour Alger, cette partialité illustre la mainmise d’un axe pro-occidental (Maroc-Émirats-Arabie saoudite) sur les institutions panarabes, au mépris du droit international.

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3. La Ligue arabe, un outil aux mains des monarchies du Golfe ?

En réalité, la crise actuelle reflète un clivage géopolitique plus large. Depuis une décennie, la Ligue arabe, historiquement dominée par l’Égypte, est de plus en plus influencée par les monarchies du Golfe, alliées des États-Unis et d’Israël. Ces pays, qui financent une partie de son budget, imposent leurs priorités : lutte contre l’Iran, normalisation avec Tel-Aviv, et soutien aux alliés comme le Maroc.

L’Algérie, non alignée et critique de l’ingérence occidentale, incarne un contre-modèle. Son refus de participer au sommet du Caire est donc un acte de résistance symbolique contre une organisation qu’elle juge dévoyée. « La Ligue arabe n’est plus le porte-voix des peuples, mais le club des régimes qui monnaient leur loyauté en échange de protections », assène un éditorialiste algérien.


4. Vers une marginalisation durable de l’Algérie ?

Reste que ce boycott risque d’isoler encore un peu plus Alger sur la scène régionale. Le Maroc, renforcé par des soutiens solides (États-Unis, Israël, Espagne), capitalise sur cette fracture pour présenter l’Algérie comme un « État perturbateur ». Pendant ce temps, la cause sahraouie, tout comme la Palestine, s’enlisent dans l’indifférence.

Mais Tebboune assume cette posture. En rappelant que « la crédibilité arabe se joue à Jérusalem autant qu’au Sahara », il place la Ligue arabe face à ses contradictions.

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Conclusion : L’unité arabe en lambeaux

Le boycott algérien n’est pas qu’un incident diplomatique. C’est le symptôme d’une institution en crise, minée par les calculs égoïstes de ses membres et l’absence de vision commune. En refusant de cautionner un sommet verrouillé, l’Algérie envoie un avertissement : sans équité et sans respect du droit international, la Ligue arabe se condamne à l’irrélevance.

La balle est désormais dans le camp des États membres. Accepteront-ils de réformer une organisation accusée d’hypocrisie, ou laisseront-ils les fractures s’approfondir, au risque de voir l’Algérie se tourner vers d’autres alliances (Afrique, BRICS) ? La réponse déterminera l’avenir d’une unité arabe déjà fantomatique.


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