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Introduction
L’annonce des exercices militaires conjoints entre la France et le Maroc sous l’intitulé « CHERGUI 2025 », prévus en septembre prochain à Errachidia, a suscité une vive réaction en Algérie. Alger considère cette initiative comme une provocation et une menace stratégique à proximité de ses frontières. Cette montée des tensions met en lumière des enjeux géopolitiques profonds, notamment la crainte algérienne d’un encerclement militaire et la question sensible des frontières héritées de la colonisation française.
1. L’Algérie face à une menace perçue : Une peur géostratégique ?
1.1. Une localisation jugée provocatrice
Le choix d’Errachidia, à proximité immédiate de la frontière algérienne, alimente la méfiance d’Alger. La capitale considère cette proximité comme un message de défiance, voire une tentative d’intimidation, dans un contexte de tensions régionales exacerbées par la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2021.
1.2. Le choix du nom « CHERGUI 2025 » : une symbolique ambiguë
Le terme « Chergui » désigne un vent chaud venant de l’Est, ce qui peut être interprété comme une allusion directe à l’Algérie. Cette dénomination renforce l’impression d’une mise en scène stratégique, voire d’une provocation déguisée sous une coopération militaire entre Rabat et Paris.
1.3. La crainte d’un encerclement militaire
L’Algérie voit dans cette manœuvre un risque d’isolement stratégique. Après le rapprochement militaire entre Israël et le Maroc, symbolisé par l’accord de coopération signé en 2021, Alger craint que Paris ne joue un rôle similaire en renforçant les capacités militaires marocaines. Cette situation est perçue comme un levier de pression sur l’Algérie, notamment sur les dossiers du Sahara occidental et de la sécurité aux frontières.
2. Conséquences possibles : Une escalade diplomatique et militaire ?
2.1. Dégradation des relations algéro-françaises
L’Algérie, déjà en froid avec la France sur plusieurs dossiers (mémoire coloniale, questions économiques, expulsions de ressortissants algériens), pourrait revoir sa coopération militaire et économique avec Paris. Alger pourrait notamment réduire son partenariat énergétique avec la France au profit de pays comme la Russie ou la Chine.
2.2. Vers une surenchère militaire algérienne ?
Face à ce qu’elle considère comme une menace croissante, l’Algérie pourrait intensifier son réarmement. Déjà considérée comme la première puissance militaire du Maghreb, Alger pourrait :
- Accélérer ses achats d’armement auprès de la Russie et de la Chine ;
- Multiplier les exercices militaires conjoints avec des pays alliés, notamment la Russie ;
- Renforcer la présence militaire à ses frontières occidentales, notamment en installant des bases avancées à proximité du Maroc.
2.3. Une réponse asymétrique : Soutien renforcé aux indépendantistes sahraouis
L’Algérie pourrait intensifier son soutien au Front Polisario en fournissant davantage d’équipements militaires et en plaidant pour une reconnaissance internationale accrue de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Une telle stratégie aggraverait la tension au Sahara occidental et compromettrait toute tentative de dialogue entre Alger et Rabat.
3. Le risque d’une remise en cause des frontières héritées de la colonisation
3.1. Le dossier explosif des frontières ouest de l’Algérie
Un des sujets sensibles qui pourrait émerger dans cette crise concerne les frontières occidentales de l’Algérie. En effet, une partie du territoire algérien actuel, notamment dans la région de Tindouf et Béchar, faisait historiquement partie du Maroc avant la colonisation française. Après l’indépendance algérienne en 1962, ces territoires ont été intégrés à l’Algérie, ce qui a mené à la guerre des Sables en 1963 entre les deux pays.
3.2. La tentation d’un ajustement territorial ?
Si les tensions continuent de s’aggraver, certains acteurs pourraient évoquer une reconfiguration des frontières, un sujet jusque-là tabou. L’Algérie, par crainte d’une telle revendication, pourrait adopter une posture plus agressive en renforçant sa présence militaire dans ces régions et en mettant en avant le rôle de la France dans la délimitation des frontières.
3.3. La France, un acteur clé malgré elle ?
La France, en raison de son rôle historique dans la fixation des frontières algériennes, pourrait se retrouver impliquée malgré elle dans ce débat. Paris pourrait être accusée par Alger de manipuler cette crise à des fins stratégiques, notamment pour renforcer ses relations avec Rabat au détriment de l’Algérie.
Conclusion : Vers un nouveau point de rupture entre Alger, Rabat et Paris ?
L’exercice militaire « CHERGUI 2025 » illustre les tensions croissantes entre l’Algérie, le Maroc et la France. Alger voit dans cet événement une provocation et une tentative de pression stratégique, tandis que Rabat et Paris mettent en avant une coopération militaire classique.
Les conséquences de cette situation pourraient être multiples : détérioration des relations diplomatiques, intensification du réarmement, voire une remise en question des frontières historiques entre l’Algérie et le Maroc. Dans ce climat de défiance, la gestion de cette crise nécessitera une approche diplomatique mesurée pour éviter une escalade aux conséquences imprévisibles.