L’Algérie et la fermeture de son espace aérien : une réponse récurrente aux crises

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L’Algérie a souvent recours à la fermeture de son espace aérien comme levier diplomatique ou mesure de sécurité lors de crises majeures avec ses voisins ou d’autres pays. Cette pratique, qui s’inscrit dans une stratégie de souveraineté et de protection territoriale, est devenue une sorte de signature dans la politique extérieure d’Alger, reflétant à la fois sa fermeté et sa volonté d’affirmer son indépendance face aux tensions régionales ou internationales.

Un précédent avec le Maroc en 2021

Un exemple marquant de cette politique s’est produit en septembre 2021, lorsque l’Algérie a décidé de fermer son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains. Cette mesure faisait suite à la rupture des relations diplomatiques avec Rabat, annoncée un mois plus tôt, sur fond de différends profonds, notamment autour du Sahara occidental. Alger avait justifié cette décision par « la poursuite des provocations et des pratiques hostiles » de la part du Maroc, accusant son voisin de mener des actions déstabilisatrices. La fermeture, bien que symbolique en l’absence de vols directs réguliers entre les deux pays, a affecté les trajets de la compagnie Royal Air Maroc, obligeant des ajustements de routes pour éviter le survol du territoire algérien. Cet épisode illustre comment l’Algérie utilise son espace aérien comme outil de rétorsion dans des crises diplomatiques.

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La France et l’opération Barkhane en 2021

Quelques semaines plus tard, en octobre 2021, l’Algérie a de nouveau fermé son espace aérien, cette fois aux avions militaires français engagés dans l’opération Barkhane au Sahel. Cette décision intervenait dans un contexte de tensions avec Paris, exacerbées par des déclarations d’Emmanuel Macron sur le « système politico-militaire » algérien et la « rente mémorielle » liée à la guerre d’indépendance. Alger a perçu ces propos comme une ingérence, et la fermeture de l’espace aérien a été une réponse immédiate, bien que l’impact opérationnel pour la France ait été limité grâce à des routes alternatives. Cet événement montre que la mesure peut aussi viser des puissances extérieures lorsque les relations se dégradent.

La crise avec le Mali en 2025

Plus récemment, en avril 2025, l’Algérie a fermé son espace aérien aux vols en provenance ou à destination du Mali, suite à une escalade diplomatique liée à la destruction d’un drone malien par les forces algériennes près de la frontière. Bamako, dirigé par une junte militaire, a accusé Alger d’« agression », tandis que l’Algérie a dénoncé des « intrusions répétées » dans son espace aérien. Cette crise, qui a vu le Mali et ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES) rappeler leurs ambassadeurs, a conduit à une fermeture réciproque des espaces aériens, soulignant une fois encore la propension d’Alger à recourir à cette mesure face à des voisins jugés hostiles ou menaçants.

Une stratégie récurrente : pourquoi ?

La fermeture de l’espace aérien par l’Algérie lors de crises n’est pas un acte isolé, mais une stratégie cohérente avec plusieurs objectifs. D’abord, elle sert à protéger la souveraineté nationale, un principe sacro-saint pour un pays marqué par son histoire coloniale et sa lutte pour l’indépendance. Ensuite, elle constitue un signal politique fort, destiné à marquer une rupture ou à exprimer un mécontentement sans nécessairement recourir à une confrontation militaire directe. Enfin, dans une région instable comme le Sahel, où les menaces terroristes et les conflits frontaliers sont réels, cette mesure peut aussi répondre à des impératifs de sécurité, comme le contrôle des intrusions aériennes.

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Exceptions et limites

Il est intéressant de noter que l’Algérie n’applique pas cette politique de manière systématique. Par exemple, après le séisme au Maroc en septembre 2023, elle a rouvert temporairement son espace aérien pour permettre l’acheminement d’aide humanitaire, signe d’une certaine flexibilité dans des contextes humanitaires. De plus, les fermetures ont parfois un impact limité sur le plan pratique – comme avec le Maroc, où les vols directs étaient déjà inexistants – ce qui peut réduire leur portée économique ou logistique, les rendant davantage symboliques.

Une région sous tension

La récurrence de cette pratique met en lumière les défis persistants auxquels l’Algérie fait face dans son environnement régional. Entre rivalités avec le Maroc, tensions avec les juntes sahéliennes et relations parfois houleuses avec des puissances comme la France, la fermeture de l’espace aérien apparaît comme un outil privilégié pour naviguer dans ces crises.

Conclusion

La fermeture de son espace aérien par l’Algérie lors de crises est une réponse qui allie symbolisme et pragmatisme. Si elle ne résout pas les différends sous-jacents, elle permet à Alger d’affirmer sa position, quitte à alimenter les tensions dans une région déjà volatile.

 

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