L’Alliance des États du Sahel (AES) et le Maroc : Une Coopération Stratégique dans un Contexte de Tensions avec l’Algérie

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Le 28 avril 2025, les Ministres des Affaires Étrangères de la Confédération des États du Sahel (AES) – regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger – ont tenu une réunion clé sous la présidence de S.E.M. Abdoulaye Diop, Ministre malien, en présence de Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc. Cette rencontre, visant à renforcer les liens entre l’AES et le Maroc, s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, marqué par des rivalités régionales, notamment entre le Maroc et l’Algérie.

Une alliance pour contrer les défis régionaux

L’AES, formée en 2023 par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, cherche à consolider sa souveraineté face à l’insécurité croissante, aux pressions internationales et à l’isolement régional après leur retrait de la CEDEAO. Dirigés par des juntes militaires – le Général Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général Abdourahamane Tiani – ces pays ont exprimé, via leur communiqué, une volonté de collaborer avec le Maroc dans les domaines diplomatique, économique et sécuritaire. Le soutien de l’AES à l’initiative royale marocaine pour faciliter l’accès à l’Océan Atlantique illustre cette ambition, promettant un désenclavement économique via les ports marocains comme Dakhla.

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Le Maroc, quant à lui, renforce sa position de partenaire stratégique en Afrique subsaharienne. Cette initiative s’inscrit dans une diplomatie active visant à élargir son influence, notamment face aux défis sécuritaires et économiques qui secouent le Sahel. Cependant, ce rapprochement ne peut être pleinement compris sans examiner les tensions sous-jacentes avec l’Algérie, un acteur régional majeur.

Les tensions Maroc-Algérie : un facteur clé

Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont historiquement marquées par une rivalité profonde, exacerbée par le conflit autour du Sahara occidental. L’Algérie soutient le Front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara, tandis que le Maroc considère ce territoire comme partie intégrante de son royaume. Cette divergence a conduit à une rupture diplomatique en août 2021, lorsque l’Algérie a rompu ses relations avec le Maroc, accusant Rabat d’actions hostiles, notamment dans le cadre d’incendies de forêt et d’espionnage présumé.

Dans le contexte sahélien, l’Algérie a traditionnellement cherché à jouer un rôle de médiateur, notamment via son implication dans les accords de paix d’Alger de 2015 entre le Mali et les groupes rebelles du nord. Cependant, les relations entre l’Algérie et les juntes au pouvoir dans l’AES se sont détériorées. Le Mali, par exemple, a accusé l’Algérie d’ingérence après des rencontres entre Alger et certains groupes touaregs, perçues comme une tentative de déstabilisation. Le Niger, qui partage une frontière avec l’Algérie, a également vu ses relations se tendre, notamment en raison de divergences sur la gestion des flux migratoires et des questions sécuritaires.

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Le rapprochement entre l’AES et le Maroc est perçu comme une manœuvre stratégique pour contrer l’influence algérienne dans la région. En s’alliant avec le Maroc, l’AES trouve un partenaire qui partage son mécontentement face aux ingérences extérieures – une critique implicite visant non seulement les puissances occidentales, mais aussi l’Algérie. Le communiqué de l’AES, qui dénonce les ingérences étrangères aggravant la situation politique au Sahel, peut ainsi être interprété comme un message indirect à l’Algérie.

Les enjeux géopolitiques et les risques d’escalade

Ce partenariat Maroc-AES redessine les équilibres géopolitiques en Afrique de l’Ouest et du Nord. Pour le Maroc, soutenir l’AES renforce sa position face à l’Algérie, tout en consolidant son rôle de porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne. L’initiative atlantique, si elle se concrétise, pourrait marginaliser davantage l’Algérie, qui perdrait de son influence sur les routes commerciales et les dynamiques régionales.

Cependant, cette alliance comporte des risques. L’Algérie, qui dispose d’une frontière directe avec le Mali et le Niger, pourrait percevoir ce rapprochement comme une provocation, accentuant les tensions. Alger a déjà exprimé son mécontentement face à l’implication croissante du Maroc dans le Sahel, notamment via des déclarations officielles dénonçant une tentative d’encercler l’Algérie géopolitiquement. Une escalade des tensions pourrait compliquer la situation sécuritaire, déjà fragile, dans la région, notamment en affectant la coopération transfrontalière contre les groupes djihadistes.

Vers une reconfiguration régionale ?

La réunion du 28 avril 2025 entre l’AES et le Maroc illustre un réalignement stratégique en Afrique, où les alliances traditionnelles sont remises en question. Le Maroc, en s’appuyant sur des partenariats comme celui avec l’AES, cherche à s’imposer comme une puissance régionale incontournable, au détriment de l’Algérie. Pour l’AES, ce partenariat offre une alternative aux pressions internationales et un levier pour affirmer sa souveraineté.

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Néanmoins, le succès de cette coopération dépendra de la capacité des parties à gérer les tensions avec l’Algérie et à concrétiser des projets comme l’initiative atlantique. À long terme, cette dynamique pourrait redéfinir les rapports de force en Afrique de l’Ouest et du Nord, mais elle risque aussi d’attiser les rivalités, rendant la stabilité régionale encore plus précaire. Dans ce jeu géopolitique complexe, le Sahel demeure un théâtre d’enjeux majeurs, où les ambitions des puissances locales et régionales se confrontent dans un équilibre fragile.

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