Soutien britannique au plan marocain : le Polisario isolé, l’Algérie sur la défensive ?

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Le 1er juin 2025, un nouveau chapitre s’est ouvert dans le dossier du Sahara Occidental. David Lammy, ministre britannique des Affaires étrangères, a déclaré que le Royaume-Uni soutenait officiellement le plan d’autonomie proposé par le Maroc, le qualifiant de « solution crédible, sérieuse et pragmatique ». Cette prise de position marque un tournant majeur dans un conflit gelé depuis des décennies, et place Londres aux côtés d’un nombre croissant de capitales occidentales qui appuient la proposition marocaine.

Ce soutien britannique ne signifie pas une reconnaissance explicite de la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais il confirme un glissement diplomatique progressif : celui d’un consensus international qui se construit autour d’une vision marocaine de la résolution du conflit. Après les États-Unis en 2020, l’Espagne en 2022, la France en 2024, et Israël, c’est donc au tour de Londres de rejoindre ce cercle. Pour le Maroc, c’est un succès stratégique de plus. Pour le Front Polisario et son principal soutien, l’Algérie, c’est une alerte rouge.

Pourquoi ce revirement britannique maintenant ?

Plusieurs facteurs expliquent ce choix de Londres. Le Royaume-Uni post-Brexit cherche à affirmer une politique étrangère indépendante, en nouant des partenariats avec des pays stables et dynamiques économiquement. Le Maroc, avec ses mégaprojets d’infrastructures à Dakhla, son rôle dans la lutte contre le terrorisme sahélien, et sa position stratégique aux portes de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne, s’impose naturellement comme un partenaire fiable.

Par ailleurs, Londres souhaite diversifier ses alliances économiques en Afrique, notamment via les zones franches marocaines et les corridors logistiques transsahariens en construction. En soutenant le plan d’autonomie, la diplomatie britannique envoie un signal fort : elle parie sur la stabilité et la projection économique plutôt que sur le statu quo.

Une Algérie de plus en plus isolée ?

La réaction d’Alger ne s’est pas fait attendre. Le ministère des Affaires étrangères algérien a dénoncé un « alignement colonial » du Royaume-Uni et réaffirmé son attachement au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Pourtant, un mois plus tôt, le président Tebboune lui-même avait relativisé le soutien de la France au plan marocain, indiquant que « la question relève désormais exclusivement de l’ONU ».

Ce flou dans la ligne algérienne révèle une gêne croissante. L’Algérie, confrontée à une crise économique persistante, à des tensions sociales internes, et à une diplomatie en perte d’influence, voit ses marges de manœuvre se réduire. Son soutien au Front Polisario reste fort, mais de plus en plus coûteux, à la fois sur le plan financier et diplomatique. Depuis 2021, les relations avec Rabat sont rompues, la médiation régionale est bloquée, et les voix favorables à un apaisement sont marginalisées.

Le Front Polisario face à un tournant

Pour le Front Polisario, le coup est rude. Le soutien international au plan d’autonomie marocain s’élargit, tandis que les perspectives d’un référendum d’autodétermination, réclamé depuis les années 1970, semblent de plus en plus illusoires. Les jeunes générations sahraouies, nées dans les camps de réfugiés de Tindouf, s’interrogent : faut-il continuer la lutte ? Ou chercher une voie de compromis ?

Le risque est double : d’un côté, une radicalisation de certains éléments du Polisario, tentés par une reprise des hostilités. De l’autre, un effritement progressif du mouvement, vidé de sa base diplomatique et de son ancrage populaire. Sans soutien solide, le Polisario pourrait être réduit à un acteur symbolique, incapable de peser sur les négociations futures.

Vers un basculement géopolitique ?

Ce soutien britannique s’inscrit dans un basculement géopolitique plus large. Le Maroc renforce son image d’acteur fiable, moderne, et tourné vers l’avenir. Sa stratégie d’ »africanisation » du dossier – en multipliant les ouvertures de consulats à Dakhla et Laâyoune – porte ses fruits. À l’inverse, l’Algérie semble figée dans une posture de confrontation, héritée de la guerre froide.

Pour autant, rien n’est encore joué. L’ONU reste théoriquement le cadre des négociations. Des puissances comme la Russie ou la Chine pourraient s’engouffrer dans les fractures régionales pour avancer leurs propres intérêts. Mais une chose est claire : la dynamique actuelle favorise Rabat. Et à mesure que le temps passe, la solution marocaine gagne en légitimité, non pas tant par un coup de force que par un patient travail diplomatique.


Conclusion

Le soutien du Royaume-Uni au plan marocain n’est pas un événement isolé : c’est le symptôme d’une recomposition des équilibres diplomatiques au Maghreb. Face à cette vague de soutiens, l’Algérie et le Polisario doivent choisir entre l’isolement ou l’adaptation. Faut-il continuer à camper sur des positions figées, ou entrer dans une logique de compromis ? L’avenir du Sahara Occidental dépendra moins des postures que de la capacité des acteurs à sortir du face-à-face stérile.

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