Alors que le président américain Donald Trump persistait ces dernières semaines à défendre son projet controversé de « prise de contrôle » de Gaza et de déplacement des Palestiniens vers la Jordanie et l’Égypte, une polémique médiatique a éclaté autour du traitement de cette crise par la chaîne qatarie Al Jazeera. Plusieurs médias internationaux, dont The Guardian et The New York Times, ont souligné le rejet catégorique du roi Abdallah II de Jordanie, contrairement à certains récits ambigus véhiculés par Al Jazeera. Retour sur une manipulation médiatique et une position diplomatique ferme.
Table of Contents
1. Le plan Trump : une proposition rejetée par la Jordanie et l’Égypte
Dès fin janvier 2025, Trump a multiplié les déclarations appelant à un « nettoyage » de Gaza et au déplacement de ses habitants vers des pays voisins, notamment la Jordanie, en évoquant un contrôle américain du territoire pour en faire une « Riviera du Moyen-Orient ». Une idée qualifiée de « nettoyage ethnique » par l’ONU et des ONG.
Le roi Abdallah II a immédiatement rejeté cette proposition, rappelant que « la Jordanie est aux Jordaniens et la Palestine aux Palestiniens », une position réaffirmée lors d’un communiqué sur le réseau X (anciennement Twitter) le 11 février : « J’ai exprimé ma ferme opposition au déplacement des Palestiniens […] une position arabe commune ». L’Égypte, via le président el-Sissi, a également refusé toute participation à un tel plan, soulignant son « impact sur la sécurité nationale ».
2. Al Jazeera : un récit partial malgré les faits
Si Al Jazeera a rapporté les déclarations de Trump et les réactions internationales, ses articles ont souvent minimisé la fermeté du refus jordanien, préférant insister sur le ton « diplomatique » du roi lors de sa rencontre avec Trump à la Maison Blanche le 11 février. Le média qatari décrit un monarque évitant « de contredire directement » Trump, alors même que ce dernier menaçait de suspendre l’aide américaine à la Jordanie (1,1 milliard de dollars annuels).
Pourtant, comme le relèvent The Guardian et The New York Times, le roi Abdallah II a clairement opposé un « non » stratégique à Trump, refusant toute concession sur la question palestinienne. The Wall Street Journal précise que le monarque a « évité une confrontation publique tout en évitant d’approuver le plan », une nuance essentielle occultée par Al Jazeera.
3. Une position jordanienne cohérente et historique
La Jordanie, où près de la moitié de la population est d’origine palestinienne, a toujours défendu le droit au retour des réfugiés et une solution à deux États. En acceptant temporairement 2 000 enfants malades de Gaza, le roi a montré une solidarité humanitaire sans céder aux pressions géopolitiques. Cette décision, saluée par Trump comme un « beau geste », masque mal la réalité : Amman refuse tout déplacement massif, craignant des troubles internes et une remise en cause de sa stabilité.
4. Les médias occidentaux à contre-courant de la désinformation
Contrairement à certains médias régionaux, The Guardian et The New York Times ont insisté sur l’inflexibilité jordanienne :
- The Guardian : « Le roi Abdallah rejette l’appel de Trump à accueillir des réfugiés palestiniens ».
- The New York Times : « Le monarque jordanien rejette les propositions de Trump sur la réinstallation ».
Ces articles soulignent que le refus de la Jordanie s’inscrit dans un consensus arabe, comme l’a rappelé la déclaration commune des ministres arabes le 1er février.
5. Enjeux régionaux : un équilibre précaire
La menace de Trump de geler l’aide américaine place la Jordanie dans une situation délicate, dépendante à 80 % de cette assistance pour son budget et sa sécurité. Toutefois, le roi Abdallah II mise sur des alliances alternatives (Golfes, UE, Chine) pour contrer le chantage1. Parallèlement, la fragilité du cessez-le-feu à Gaza, menacé par les déclarations incendiaires de Trump, ajoute à la pression régionale.
Conclusion : Un narratif à rectifier
L’écart entre le traitement médiatique d’Al Jazeera et la réalité des faits illustre les biais géopolitiques qui entourent la crise gazouie. Loin des ambiguïtés rapportées, le roi Abdallah II a fermement défendu la cause palestinienne, alignant son pays sur une position arabe unie. Les médias occidentaux, en relayant cette fermeté, rappellent l’importance d’un journalisme équilibré face aux manipulations narratives.