INTRODUCTION
Imaginez deux pays voisins, liés par l’histoire, la culture et la langue, mais séparés par des décennies de tensions, de conflits et de crises diplomatiques. Depuis 1962, l’Algérie et le Maroc entretiennent une relation complexe, marquée par des périodes de rapprochement et de rupture. Entre guerres, alliances stratégiques et conflits territoriaux, cette rivalité a façonné le Maghreb et influencé l’ensemble de la région.
Mais quelles sont les véritables raisons de cette tension persistante ? Quelles ont été les grandes étapes de ce conflit diplomatique ? Y a-t-il une chance de réconciliation entre ces deux puissances maghrébines ? C’est ce que nous allons voir dans cette vidéo !
Table of Contents
Les débuts d’une relation fragile (1962-1963)
L’Algérie devient indépendante en 1962 après une guerre sanglante contre la France. Son voisin, le Maroc, reconnaît immédiatement son indépendance, mais une ombre plane sur leurs relations : la question des frontières. Le Maroc revendique des territoires hérités de l’époque coloniale, notamment Tindouf et Béchar, ce qui crée une première friction avec Alger.
Les relations diplomatiques sont officiellement établies, mais la méfiance est déjà présente. D’un côté, l’Algérie de Ben Bella soutient les mouvements révolutionnaires panafricains et adopte une politique socialiste. De l’autre, le Maroc de Hassan II s’inscrit dans une logique monarchique et pro-occidentale. Ces visions opposées annoncent déjà une rivalité qui va rapidement s’intensifier.
1963 : La guerre des sables, Premier conflit armé
En 1963, la tension monte d’un cran avec la Guerre des Sables, un affrontement militaire qui éclate près de Tindouf. Les forces marocaines tentent de récupérer ces territoires contestés, tandis que l’Algérie, encore fragile, riposte avec le soutien de l’Égypte nassérienne et de Cuba.
Après quelques semaines de combats, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) impose un cessez-le-feu, mais le mal est fait : la confiance entre Alger et Rabat est brisée. Cette guerre laisse une cicatrice profonde et installe une rivalité durable entre les deux nations.
Les années 1970-1980 : Le Sahara Occidental, Un point de rupture
Dans les années 1970, un autre dossier va aggraver les tensions : le Sahara occidental. En 1975, Hassan II lance la Marche Verte, une opération visant à annexer ce territoire alors sous contrôle espagnol. L’Algérie considère cette annexion comme une menace régionale et décide de soutenir activement le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui.
En 1988, un accord de paix est signé à Ifrane entre Chadli Bendjedid et Hassan II pour relancer la coopération économique et ouvrir les frontières. Mais en 1989, l’Algérie reconnaît officiellement la République arabe sahraouie démocratique (RASD), provoquant une crise immédiate avec le Maroc, qui quitte alors l’OUA.
Les années 1990 : fermeture des fontières et guerre civile en Algérie
En 1994, un attentat à Marrakech est attribué à des Algériens, ce qui pousse le Maroc à imposer un visa aux Algériens. En réponse, l’Algérie ferme définitivement ses frontières terrestres avec son voisin. Cette fermeture, toujours en vigueur aujourd’hui, devient un symbole de méfiance entre les deux pays.
Parallèlement, l’Algérie est plongée dans une guerre civile sanglante (1991-2002), ce qui réduit toute tentative de dialogue avec Rabat.
1999-2019 : Les tentatives de rapprochement sous Bouteflika
Avec l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999, une nouvelle dynamique semble s’installer. Il prône une réconciliation régionale, supprime les visas pour les Marocains et ouvre des discussions sur l’économie et la sécurité.
Mais encore une fois, le Sahara occidental bloque tout rapprochement. En 2013, Bouteflika critique publiquement la gestion marocaine du conflit, ce qui ravive les tensions.
En parallèle, les enjeux économiques deviennent un nouveau terrain de rivalité. Le gazoduc Maghreb-Europe, qui permettait à l’Algérie d’exporter du gaz via le Maroc, est progressivement remis en question.
2020-2021 : Rupture définitive et nouvelle crise diplomatique
En 2020, un événement bouleverse l’équilibre régional : les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations avec Israël. Cette décision est perçue par Alger comme une provocation, renforçant son soutien au Front Polisario.
La situation s’aggrave en 2021 avec l’affaire Pegasus, un scandale d’espionnage où le Maroc est accusé d’avoir surveillé des responsables algériens grâce à un logiciel israélien.
En août 2021, l’Algérie rompt officiellement ses relations diplomatiques avec le Maroc, suivie par une fermeture de l’espace aérien et l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe.
Depuis, les tensions restent au plus haut niveau.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Trois scénarios sont possibles pour l’avenir des relations entre l’Algérie et le Maroc :
1️⃣ Le maintien des tensions : Sans compromis sur le Sahara occidental et sans volonté politique, les tensions pourraient se prolonger indéfiniment, freinant le développement régional.
2️⃣ Un retour au dialogue : Une médiation internationale crédible (ONU, Union africaine) pourrait faciliter un apaisement progressif, notamment via une solution d’autonomie élargie du Sahara.
3️⃣ Une coopération économique forcée : Avec la crise énergétique mondiale, la nécessité d’une collaboration régionale pourrait amener Alger et Rabat à trouver un terrain d’entente sur certains dossiers stratégiques.