Coup de théâtre à Rabat : l’ouverture de l’ambassade du Kenya, un revers pour l’Algérie ?

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Le lundi 26 mai 2025 marque une date symbolique dans la diplomatie africaine : le Kenya inaugure officiellement son ambassade à Rabat, capitale du Maroc. Un simple geste administratif ? Pas du tout. Il s’agit d’un tournant majeur dans les rapports de force sur le continent africain, notamment en ce qui concerne la question sensible du Sahara occidental.

Une reconfiguration diplomatique inattendue

Jusqu’à récemment, le Kenya figurait parmi les États africains soutenant la République arabe sahraouie démocratique (RASD), entité autoproclamée par le Front Polisario et fortement soutenue par l’Algérie. Nairobi s’était même montré vocal sur cette reconnaissance, en écho à une tradition panafricaniste de soutien aux mouvements de libération. Pourtant, en moins de deux ans, le discours a changé. Et aujourd’hui, c’est aux côtés du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita que le chef de la diplomatie kényane, Musalia Mudavadi, participe à l’ouverture de cette nouvelle ambassade.

Cette décision s’inscrit dans un mouvement plus large. Depuis son retour au sein de l’Union africaine en 2017, le Maroc mène une offensive diplomatique soutenue sur le continent. Partenariats économiques, ouverture d’ambassades, investissements agricoles et énergétiques : Rabat consolide progressivement ses positions, notamment en Afrique de l’Est, un espace longtemps éloigné de son influence directe.

Le signal envoyé à Alger

Ce rapprochement entre Rabat et Nairobi est perçu par de nombreux observateurs comme un camouflet pour l’Algérie. En effet, Alger voit dans chaque perte de soutien africain à la cause sahraouie un recul stratégique. L’implantation d’une ambassade kényane à Rabat n’est pas qu’un symbole : elle pourrait annoncer une neutralité, voire un alignement progressif du Kenya avec la position marocaine, qui propose une autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara.

L’Algérie, dont la diplomatie repose en partie sur le soutien aux causes anti-coloniales, se retrouve ici isolée face à un Maroc de plus en plus intégré dans les dynamiques économiques panafricaines. La perte d’un pays aussi stratégique que le Kenya dans ce dossier pourrait affaiblir les résolutions pro-Polisario au sein des instances africaines.

Une alliance aux multiples dimensions

Au-delà de la question saharienne, les intérêts convergents entre le Maroc et le Kenya sont nombreux. D’un côté, Nairobi cherche à attirer des partenaires fiables pour ses projets d’infrastructure, ses besoins agricoles (notamment en engrais) et son ambition de diversification diplomatique. De l’autre, le Maroc, avec son industrie phosphatière, ses banques panafricaines et sa diplomatie économique bien rodée, dispose des outils pour répondre à ces attentes.

L’enjeu est aussi énergétique : le Kenya, pionnier de la géothermie sur le continent, pourrait coopérer avec le Maroc dans les énergies renouvelables. Cette complémentarité économique renforce l’axe Rabat-Nairobi comme un nouveau pilier de coopération interrégionale.

Des risques politiques à ne pas négliger

Cependant, cette ouverture n’est pas sans conséquences. Le Kenya risque de voir sa relation avec l’Algérie se refroidir, ce qui pourrait impacter certains équilibres africains, notamment dans le cadre des négociations à l’Union africaine. De plus, une partie de la société civile kényane, attachée à une ligne pan-africaine historique, pourrait critiquer ce basculement jugé opportuniste.

Il faudra aussi surveiller la réaction d’autres États africains. Ce geste du Kenya pourrait-il entraîner une série d’initiatives similaires ? Certains pays hésitants face au conflit du Sahara pourraient y voir un précédent pour reconfigurer leur propre position.

Une Afrique en recomposition

L’ouverture de l’ambassade kényane à Rabat n’est donc pas un simple événement protocolaire. Elle cristallise un basculement géopolitique profond, une redéfinition des alliances sur un continent où la rivalité Maroc–Algérie continue de façonner les lignes de fracture. Si ce rapprochement se confirme par des projets concrets, il pourrait bien ouvrir une nouvelle ère pour les relations interafricaines, au-delà des divisions héritées de la guerre froide.

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