Un avion de chasse Sukhoi Su-30MKA de l’Armée de l’Air Algérienne s’est écrasé dans la wilaya d’Adrar, dans le sud-ouest de l’Algérie, peu après son décollage de la base aérienne de Reggane. L’accident s’est produit lors d’une mission d’entraînement planifiée. Le pilote, identifié comme le lieutenant-colonel Bekkouche Nasr, a perdu la vie, tandis que le second membre d’équipage a réussi à s’éjecter et a survécu. Le ministère de la Défense nationale algérien a confirmé l’incident dans un communiqué, exprimant ses condoléances et annonçant l’ouverture d’une enquête dirigée par le chef d’état-major, le général Saïd Chengriha, pour déterminer les causes exactes.
Contexte des récents drames de l’armée algérienne
Cet accident s’inscrit dans une série d’incidents ayant affecté les forces armées algériennes ces dernières années. Voici un aperçu des drames récents les plus notables :
- 27 janvier 2020 – Crash d’un Su-30 à Oum El Bouaghi : Un autre Su-30 s’est écrasé dans l’est de l’Algérie, tuant ses deux pilotes. L’enquête avait pointé une possible défaillance technique, sans détails publics précis.
- 12 septembre 2022 – Chute d’un drone à M’Sila : Un drone militaire s’est écrasé dans une zone rurale, sans faire de victimes, mais soulignant des problèmes potentiels avec les nouveaux équipements.
- 23 janvier 2023 – Crash d’un hélicoptère Mi-171 à El Abadia : Trois militaires ont péri dans cet accident survenu lors d’une mission de routine.
- 8 février 2024 – Crash d’un hélicoptère Mi-171 à El Meniaa : Un autre Mi-171 s’est écrasé, entraînant la mort de trois membres d’équipage.
Depuis 2000, l’aviation militaire algérienne a enregistré environ 40 accidents, causant plus de 400 morts, un bilan élevé rapporté à la taille de sa flotte.
Causes probables des accidents
Aucune conclusion officielle n’a encore été publiée pour le crash du 19 mars 2025, mais en s’appuyant sur les incidents passés et les analyses disponibles, voici les causes réelles et récurrentes identifiées ou suspectées :
- Défaillances techniques
- Matériel vieillissant ou mal entretenu : Bien que le Su-30 soit un appareil moderne (version MKA adaptée pour l’Algérie, livrée par la Russie à partir de 2006), la maintenance reste un défi. Les sanctions contre la Russie depuis 2022 ont pu compliquer l’approvisionnement en pièces détachées et l’assistance technique.
- Conditions extrêmes : Le désert d’Adrar, avec ses températures élevées et ses tempêtes de sable, peut accélérer l’usure des moteurs et des systèmes électroniques, augmentant les risques de panne.
- Facteur humain
- Entraînement intensif : Ces accidents surviennent souvent lors de missions d’instruction, comme celle du 19 mars 2025. L’Algérie met l’accent sur des exercices fréquents pour maintenir une armée opérationnelle, mais cela peut exposer les pilotes à des situations risquées, surtout à basse altitude ou de nuit (bien que l’heure exacte de ce crash ne soit pas précisée).
- Erreur de pilotage : Dans des cas passés, comme le crash de 2020, des erreurs humaines ont été évoquées, bien que rarement détaillées publiquement.
- Logistique et organisation
- Dépendance extérieure : L’Algérie s’appuie presque exclusivement sur la Russie pour ses équipements majeurs (Su-30, MiG-29, hélicoptères Mi-171). Les retards dans la formation des techniciens locaux ou dans la livraison de pièces peuvent affecter la fiabilité des appareils.
- Manque de transparence : Les enquêtes officielles se concluent souvent sans publication des résultats, rendant difficile l’identification et la correction des failles systémiques.
- Environnement opérationnel
- Les vastes étendues désertiques du sud algérien, où se concentrent bases et entraînements, compliquent les opérations. La faible densité de population limite les pertes civiles, mais l’éloignement peut retarder les secours ou compliquer l’analyse des épaves.
Implications réelles
- Coût humain et matériel : La perte d’un pilote expérimenté comme un lieutenant-colonel, combinée à celle d’un appareil valant des dizaines de millions de dollars, est un coup dur pour l’armée algérienne, déjà critiquée pour ces incidents à répétition.
- Questions sur la fiabilité : Ces accidents alimentent les débats sur la qualité des équipements russes et la capacité de l’Algérie à les maintenir en condition opérationnelle, surtout dans un contexte où elle cherche à projeter une image de puissance régionale face au Maroc ou dans le Sahel.
- Pression interne : Bien que l’Armée nationale populaire (ANP) reste une institution respectée, ces drames pourraient éroder la confiance au sein des forces et parmi la population, surtout si les enquêtes restent opaques.
Conclusion
Le crash du Su-30 à Adrar le 19 mars 2025 est un drame réel qui reflète des défis persistants pour l’armée algérienne : une flotte moderne mais exigeante à entretenir, un environnement opérationnel difficile et une dépendance à des partenariats étrangers sous tension. Sans les conclusions de l’enquête en cours, il est impossible de trancher définitivement sur la cause exacte, mais les antécédents pointent vers un mélange de problèmes techniques et humains aggravés par des contraintes structurelles. Pour des détails supplémentaires une fois l’enquête terminée, il faudra surveiller les annonces officielles – si elles sont rendues publiques.