Alors que le Maroc durcit sa position en interdisant les produits égyptiens, l’Égypte a répliqué en ciblant un secteur clé de l’économie marocaine : l’industrie automobile. Ces derniers jours, les autorités égyptiennes ont bloqué l’entrée de véhicules marocains sur leur territoire, invoquant des « problèmes techniques liés aux normes de conformité ».
Une justification qui laisse perplexe, car le Maroc est le 2ᵉ producteur de voitures en Afrique, avec des usines ultra-modernes qui alimentent le marché européen. Pour les analystes, cette décision est une réponse directe à l’embargo marocain. En 2022, l’Égypte a importé pour plus de 120 millions de dollars de véhicules marocains, un chiffre symbolique, mais stratégique.
L’Algérie dans l’équation : Un soutien silencieux au Caire ?
Mais pourquoi l’Égypte ose-t-elle s’attaquer à un partenaire économique régional ? La réponse pourrait venir d’Alger. Depuis 2021, l’Algérie a fermé ses frontières aériennes avec le Maroc et rompu ses relations diplomatiques, accusant Rabat de « soutenir le séparatisme » dans sa région kabyle. Aujourd’hui, Alger pourrait encourager secrètement l’Égypte à durcir sa position contre le Maroc, en échange de coopération énergétique ou de soutien militaire.
En effet, l’Égypte, confrontée à une pénurie de devises étrangères, a signé en 2023 un accord avec l’Algérie pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL) à prix préférentiel. Un partenariat qui pourrait expliquer le rapprochement politique entre les deux pays… et leur hostilité commune envers le Maroc.
Conséquences : Une guerre commerciale sans vainqueur
Les restrictions égyptiennes sur les voitures marocaines ne sont qu’un épisode de cette guerre économique. Les deux pays perdent des millions de dollars, tandis que les consommateurs subissent des hausses de prix.
- Pour le Maroc, c’est un avertissement : ses ambitions de devenir un « hub automobile africain » pourraient être menacées si d’autres pays suivent l’exemple égyptien.
- Pour l’Égypte, le risque est de voir le Maroc se rapprocher de ses concurrents régionaux, comme la Turquie ou les Émirats, pour contourner l’embargo.
Quant à l’Algérie, elle joue un jeu dangereux. En attisant les tensions, elle pourrait provoquer une instabilité régionale… mais aussi s’exposer à des représailles, comme un soutien marocain accru aux indépendantistes kabyles.
Cette crise commerciale, apparemment technique, révèle une réalité plus sombre : au Maghreb et au Moyen-Orient, le commerce est désormais une arme de guerre politique. Chaque embargo, chaque restriction, est un coup porté dans un conflit où l’économie se mêle à la géopolitique. Et tandis que les États s’affrontent par produits interposés, ce sont les populations qui paient le prix fort.
