France – Algérie : vers la rupture totale ? La tension monte !

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Alors que les relations entre la France et l’Algérie traversent l’une de leurs crises les plus aiguës depuis des décennies, l’idée d’une rupture diplomatique, bien que jugée catastrophique pour les deux pays, plane comme une hypothèse désormais envisageable. Entre instrumentalisation du passé colonial, réalignements stratégiques et enjeux de libertés, cette relation complexe révèle les fractures d’une histoire partagée et les défis géopolitiques contemporains.

L’affaire Boualem Sansal : L’arrestation de Boualem Sansal, écrivain algérien de 76 ans, illustre la crispation du régime algérien. Connu pour ses critiques discrètes mais persistantes du pouvoir, Sansal a été incarcéré pour avoir évoqué, dans un entretien en France, des questions sensibles liées à l’intégrité territoriale de l’Algérie, notamment des revendications historiques marocaines sur certaines régions. Cette arrestation s’inscrit dans un contexte de « glaciation des relations » avec Paris et rappelle la nature autoritariste du régime algérien, marqué par un refus de toute alternance politique depuis l’indépendance et une répression vigoureuse des voix dissidentes.

Récemment, Boualem Sansal a entamé une grève de la faim pour protester contre son incarcération, dénonçant un emprisonnement arbitraire et une atteinte grave aux libertés fondamentales. Son état de santé suscite des inquiétudes croissantes parmi les défenseurs des droits humains, et des pressions internationales commencent à s’intensifier pour obtenir sa libération.

Si l’Algérie a connu une relative ouverture depuis les années 1990, les libertés reculent depuis quelques années, un phénomène qui touche l’ensemble du monde arabe, marquant un reflux post-printemps arabes.

Le Sahara Occidental : Le récent rapprochement de la France avec le Maroc sur la question du Sahara occidental a exacerbé les tensions. Paris a rompu avec des décennies de neutralité en reconnaissant la « marocanité » de ce territoire, une position qui heurte frontalement l’Algérie, soutien historique du Front Polisario et défenseur d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.

Cette décision française a ajouté un contentieux majeur à un passif déjà lourd entre Alger et Paris. Historiquement, la France jouait un rôle de médiateur entre Alger et Rabat, mais son alignement sur la position marocaine prive la région d’un acteur modérateur, alimentant les craintes d’une escalade.

Mémoire Coloniale : Une politique de réconciliation mémorielle avait été initiée, qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » et multipliant les gestes symboliques, comme la reconnaissance de responsabilités dans des assassinats de militants indépendantistes. Mais ces efforts se sont enlisés, victimes de divergences politiques et sécuritaires.

Le dialogue mémoriel est devenu un otage des tensions bilatérales. En Algérie, le pouvoir instrumentalise ce passé pour légitimer son autorité, tandis qu’en France, certains discours politiques entretiennent une vision conflictuelle de l’histoire.

Intérêts stratégiques et défis économiques : La France, affaiblie par son retrait du Sahel et la montée de l’influence russe en Afrique, voit dans le Maroc un allié clé pour maintenir son rayonnement. Le royaume chérifien, doté d’un soft power étendu en Afrique subsaharienne, offre à Paris une porte de secours géopolitique.

Côté algérien, malgré une rente pétrolière et gazière confortable, le pays peine à diversifier son économie. Les défis économiques, couplés à un environnement régional instable (Libye, Sahel), rendent Alger plus irritable sur la scène internationale.

L’Interview de Dominique de Villepin: L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a dénoncé une « diplomatie de confrontation » menée par les autorités actuelles, soulignant que le climat de méfiance entre Paris et Alger ne cesse de s’aggraver. Il a plaidé pour un retour à un dialogue pragmatique et équilibré, arguant que l’Algérie ne peut pas se permettre un isolement diplomatique accru, d’autant plus dans un contexte de mutations géopolitiques mondiales. Ses propos résonnent particulièrement alors que la pression internationale s’intensifie sur le régime algérien concernant la situation des droits de l’homme et la gestion des libertés publiques.

Crise sécuritaire et réactions politiques : L’attentat de Mulhouse du 22 février 2025 a encore aggravé les tensions. Un citoyen algérien a poignardé plusieurs passants, causant la mort d’un touriste portugais et blessant gravement des policiers municipaux. En réaction, Bruno Retailleau, chef de file de la droite française, a déclaré : « Nous avons été suffisamment gentils avec l’Algérie ; il est temps d’instaurer un rapport de force. »

Ces déclarations ont été suivies par une vague d’arrestations ciblant des ressortissants algériens en France, nourrissant encore davantage la crispation diplomatique entre Alger et Paris. L’Algérie dénonce une politique de stigmatisation, tandis que la France justifie ces mesures par des impératifs de sécurité nationale.

L’Impératif d’une désescalade : Une rupture des relations serait désastreuse pour les deux pays, liés par des millions de citoyens binationaux, des histoires familiales entremêlées et des intérêts économiques. Pourtant, la méconnaissance mutuelle entre les nouvelles générations politiques et la radicalisation des discours nourrissent les risques de dérive.

La France et l’Algérie ont tout intérêt à apaiser leurs tensions, mais cela suppose de dépasser les calculs à court terme et les instrumentalisations du passé. Dans un contexte global volatile, le dialogue reste la seule garantie contre une fracture aux conséquences imprévisibles.

 

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