La France choisit le Maroc : Alger dénonce une trahison historique sur le Sahara occidental 

Tendance

Télévision & IPTV

- Advertisement -

La visite de Rachida Dati au Sahara occidental en février 2025 consacre un tournant majeur dans les relations franco-marocaines. En inaugurant un centre culturel français à Laâyoune et une annexe de l’ISMAC à Dakhla, la ministre de la Culture ancre la présence française dans cette région disputée, en adoptant la terminologie marocaine des « provinces du Sud », qui occulte son statut contesté.

Derrière cet habillage culturel, l’initiative s’inscrit dans la continuité du soutien d’Emmanuel Macron au plan d’autonomie marocain, officialisé en juillet 2024. Rachida Dati qualifie cette reconnaissance de « moment historique », actant la rupture avec la traditionnelle neutralité française et validant de facto la souveraineté marocaine sur un territoire classé « non autonome » par l’ONU.

Un choc diplomatique avec l’Algérie

Ce réalignement stratégique de Paris exacerbe les tensions avec Alger, principal soutien du Front Polisario. Dès juillet 2024, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur en dénonçant une « complicité avec l’occupation ». La visite de Dati, perçue comme une provocation diplomatique, aggrave cette crise :

- Advertisement -
  • Sur le plan diplomatique : La France abandonne son rôle de médiateur au Maghreb, privilégiant Rabat au détriment d’Alger. Les relations énergétiques (gaz) et sécuritaires (Sahel), piliers du partenariat franco-algérien, risquent d’en subir les conséquences.
  • Sur le plan régional : Alger pourrait durcir son soutien au Polisario, entraînant un retour des tensions militaires, comme après la rupture du cessez-le-feu en 2023.

En misant sur le Maroc, Paris entend contrer l’influence de puissances rivales (Russie, Chine, Turquie) en Afrique et renforcer ses intérêts économiques (phosphates, énergies renouvelables) et migratoires. Mais cette réorientation comporte des risques juridiques : la Cour de justice de l’UE a déjà invalidé des accords commerciaux impliquant le Sahara occidental sans consultation des Sahraouis.

Une fracture politique en France

Ce virage pro-marocain divise la scène politique française :

  • Droite et extrême droite saluent un « réalisme » géopolitique, LR et le RN vantant le Maroc comme « partenaire incontournable ».
  • La gauche dénonce une « trahison » du droit international, LFI et le PCF fustigeant un alignement dicté par des intérêts commerciaux.

Rachida Dati, figure clé de ce repositionnement, alimente les suspicions : son attachement personnel au Maroc(origines paternelles) et son discours sur « le cours irréversible de l’Histoire » sont perçus comme une prise de parti assumée.

- Advertisement -

Un pari géopolitique risqué

En privilégiant Rabat, la France joue une carte audacieuse mais périlleuse :

  • Pour l’Algérie : Marginalisée, elle pourrait se rapprocher de Moscou ou d’Ankara, réduisant davantage l’influence française en Afrique.
  • Pour l’ONU : Le processus de paix, bloqué depuis 1991, risque de s’enliser davantage, Paris ignorant les revendications indépendantistes.
  • Pour la France : Son image de médiateur neutre s’effrite, laissant place à celle d’un acteur partial, au risque de fragiliser sa crédibilité internationale.

La visite de Rachida Dati au Sahara occidental marque ainsi une mutation profonde de la diplomatie française : en misant sur le Maroc, Paris renforce un allié stratégique, mais au prix d’une fracture régionale durable et d’un bras de fer inédit avec Alger.

Dans ce jeu à trois, la culture, instrumentalisée en levier d’influence, peine à masquer une réalité plus brutale : le conflit sahraoui demeure une poudrière, et la France, en choisissant son camp, s’expose au rôle périlleux d’incendiaire diplomatique.

 

Derniers articles

Pétrole au Sahara occidental : l’Espagne soutient le Maroc, le Polisario tremble

Le 26 mars 2025, une nouvelle étape a été franchie dans le débat autour des activités d’exploration pétrolière et...

Plus d'articles