L’Algérie défie le Maroc : un pari risqué avec les USA ?

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La mine de Gara Djebilet, située dans la province de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, est l’un des plus grands gisements de fer au monde. Avec des réserves estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont environ 1,7 milliard exploitables, elle représente un atout économique majeur pour l’Algérie. Découverte en 1952 par le géologue français Pierre Gevin, son exploitation a débuté en 2022 sous l’impulsion de l’Entreprise nationale du fer et de l’acier (FERAAL), avec des partenariats chinois. L’objectif est d’atteindre une production de 2 à 3 millions de tonnes par an d’ici 2025, puis de 40 à 50 millions de tonnes à partir de 2026, positionnant potentiellement l’Algérie comme un leader africain de l’acier.

Mais au-delà de son potentiel économique, Gara Djebilet se trouve dans une zone géographiquement et politiquement sensible : à environ 130 km au sud-est de Tindouf, près de la frontière avec le Maroc, la Mauritanie et le Sahara occidental, un territoire disputé. Cette localisation en fait un point critique dans les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc.

Une frontière sous tension historique

La région de Tindouf, où se situe Gara Djebilet, est au cœur d’un différend frontalier ancien entre les deux pays. Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, les frontières héritées de la colonisation française, mal définies dans cette zone désertique, ont alimenté des revendications territoriales marocaines, notamment dans le cadre du concept de « Grand Maroc ». Cela a conduit à la guerre des Sables en 1963, un conflit bref mais révélateur des tensions autour des ressources, dont le fer de Gara Djebilet.

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En 1972, un traité signé entre le roi Hassan II du Maroc et le président algérien Houari Boumédiène, dans le cadre de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), a tenté de régler ce différend. Cet accord prévoyait une exploitation conjointe de la mine, avec un transport du minerai via le Maroc jusqu’à un port atlantique, situé à environ 500-510 km, contre 1 600 km jusqu’à la côte algérienne. Cependant, ce projet n’a jamais vu le jour. L’Algérie a dénoncé une absence de suivi marocain, tandis que le Maroc a accusé Alger de ne pas respecter ses engagements, notamment après l’émergence du conflit du Sahara occidental en 1975. Depuis, la frontière est fermée (1994), et les relations bilatérales restent marquées par une rivalité profonde.

Enjeux actuels et rivalité géopolitique

La relance du projet Gara Djebilet par l’Algérie, avec un investissement chinois estimé à 2 milliards de dollars, ravive ces tensions. Le Maroc, qui revendique historiquement des droits sur des zones proches de Tindouf, y voit une menace stratégique.

L’Algérie, elle, investit massivement dans une ligne ferroviaire Tindouf-Béchar (5 milliards de dollars selon des estimations récentes), rejetant toute dépendance vis-à-vis du Maroc pour exporter son fer. Cette décision souligne une volonté d’autonomie, mais elle alimente aussi les soupçons marocains d’une stratégie d’expansion économique et militaire dans une zone proche du Sahara occidental, où Rabat affronte le Front Polisario, soutenu par Alger.

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Analyse : un point de friction durable

Gara Djebilet n’est pas qu’une mine : c’est un symbole de la lutte pour le contrôle régional. Sa proximité avec la frontière Maroc-Algérie en fait un enjeu critique, exacerbé par le conflit du Sahara occidental et la course aux alliances internationales (USA pour le Maroc, Chine et Russie pour l’Algérie). Si l’exploitation conjointe de 1972 avait réussi, elle aurait pu apaiser les tensions ; aujourd’hui, elle cristallise au contraire les rivalités. Un dérapage – militaire ou diplomatique – dans cette zone reste possible, surtout si les drones marocains ou les incursions algériennes près de la frontière s’intensifient.

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