Le jour où un commando palestinien a tué une délégation marocaine

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Le jour où un commando palestinien a tué une délégation marocaine

Le 17 décembre 1973, l’aéroport international de Rome-Fiumicino est le théâtre d’un attentat terroriste d’une ampleur sans précédent. Ce jour-là, un commando palestinien armé attaque le terminal puis s’en prend à un avion de ligne sur le tarmac, avant de détourner un autre appareil en prenant des otages. Le bilan est lourd : 34 morts et des dizaines de blessés. Retour sur le contexte de l’époque, le déroulement dramatique de cet événement, et ses conséquences historiques.

Contexte international et mission marocaine vers Téhéran

En 1973, le Moyen-Orient est en pleine turbulence. Après les conflits israélo-arabes et l’éviction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Jordanie en 1970-1971, des groupes palestiniens armés opèrent depuis le Liban et ciblent des intérêts internationaux. C’est dans ce climat tendu qu’une délégation officielle marocaine, conduite par le Premier ministre Ahmed Osman, se rend en visite en Iran. Le 17 décembre 1973, M. Osman et son équipe font escale à Rome, d’où ils doivent prendre un vol pour Téhéran.

La délégation compte plusieurs jeunes responsables marocains prometteurs : Mounir Doukkali (sous-secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports), Abdellatif Al-Aimani (secrétaire d’État au Plan) et Mekki Zélaïchi (chargé de mission auprès du Premier ministre). Ces derniers montent à bord du vol 110 de la Pan American World Airways (Pan Am), à destination de Beyrouth puis Téhéran, tandis qu’Ahmed Osman voyage sur un autre avion.

L’attaque du terminal de Fiumicino

Vers 13h, cinq terroristes palestiniens ouvrent le feu dans le terminal avec des armes automatiques, semant la panique. Deux personnes sont tuées sur place. Les terroristes courent ensuite sur le tarmac et jettent des grenades incendiaires à bord du Boeing 707 de la Pan Am, surnommé Clipper Celestial. L’appareil prend feu en quelques secondes. Trente passagers, pris au piège, périssent dans l’incendie.

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Parmi les victimes figurent les trois officiels marocains, mais aussi des membres du personnel de bord, des employés de la société Aramco et l’épouse du commandant de bord, Bonnie Erbeck. Le vol 110 est totalement détruit.

Prise d’otages et détournement vers le Moyen-Orient

Après l’attaque, les terroristes détournent un second avion, un Boeing 737 de la Lufthansa, prêt à décoller pour Munich. Ils abattent un policier italien et forcent le pilote à décoller avec plusieurs otages. Le périple commence : Athènes, Damas, puis Koweït.

À Athènes, les preneurs d’otages réclament la libération de militants palestiniens. Un otage est tué, un autre blessé. À Damas, les négociations échouent, mais le ravitaillement est autorisé. À Koweït, les otages sont enfin libérés après négociations, tandis que les terroristes sont autorisés à quitter le pays, armes en main.

Hommage et douleur au Maroc

Au Maroc, c’est le choc. Le roi Hassan II organise une cérémonie nationale pour accueillir les dépouilles et honorer la mémoire des victimes. Le pays est en deuil. Les quatre responsables décédés représentaient l’élite administrative émergente du pays. Un deuil national est décrété.

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Le roi condamne fermement le terrorisme, rappelant que de telles actions ne servent aucune cause. Le Premier ministre Ahmed Osman, qui a échappé de peu au drame, revient au pays bouleversé.

Les suites diplomatiques et l’impunité des terroristes

Les cinq terroristes ne sont pas jugés. Après avoir transité par le Koweït, ils sont transférés sous la garde de l’OLP. Ils sont finalement libérés en novembre 1974 lors d’un autre détournement. Cette impunité choque les opinions publiques, mais aucun pays n’intervient. L’affaire est étouffée.

L’attentat aurait été orchestré par une faction dissidente du Fatah, indépendante de la direction centrale de l’OLP.

Un électrochoc pour la sécurité aérienne

L’attaque de Fiumicino est un tournant. Elle révèle les failles béantes de la sécurité aéroportuaire. Après cette tragédie, les contrôles sont renforcés dans les grands aéroports. Détecteurs, fouilles, patrouilles armées, tout devient plus strict. Une nouvelle ère de la sécurité aérienne s’ouvre.

L’attentat de Fiumicino devient une référence dans les rapports sur le terrorisme international et la sûreté du transport aérien.

Impact durable pour le Maroc et Ahmed Osman

Le Maroc sort blessé mais solidaire de cette épreuve. Le roi et le gouvernement défendent une ligne de fermeté contre le terrorisme, tout en maintenant leur soutien politique au peuple palestinien.

Ahmed Osman, profondément marqué par cette tragédie, continue à servir à la tête du gouvernement jusqu’en 1979. Il restera l’un des artisans de la diplomatie de paix prônée par Hassan II.

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