Le Polisario face au tournant diplomatique : division en vue ?

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Le soutien de plus en plus explicite de puissances comme les États-Unis, l’Espagne, la France et aujourd’hui le Royaume-Uni au plan d’autonomie marocain place le Front Polisario dans une situation de plus en plus précaire sur le plan diplomatique. Face à ce basculement, une question centrale se pose : le Polisario peut-il maintenir son unité face à la marginalisation croissante de sa cause ?

1. Un isolement diplomatique grandissant

Le projet d’un référendum d’autodétermination semble s’éloigner. Les grandes capitales occidentales optent désormais pour le pragmatisme. Le plan marocain est présenté non seulement comme la seule option crédible, mais aussi comme un gage de stabilité et de sécurité régionale.

Cette tendance a de quoi inquiéter le noyau dirigeant du Polisario. Elle signifie une perte progressive de légitimité sur la scène internationale, ce qui affaiblit ses leviers dans les négociations, déjà fragilisés par l’enlisement du processus onusien.


2. Le risque de scission interne

Historiquement uni autour de l’objectif d’indépendance, le Polisario pourrait désormais faire face à des tensions internes entre deux courants :

  • Le courant radical, fidèle à l’Algérie, qui refuse toute concession et maintient la ligne dure d’un référendum, quitte à rester dans l’impasse diplomatique.
  • Le courant modéré, plus pragmatique, qui pourrait considérer qu’une autonomie élargie sous souveraineté marocaine permettrait de garantir certains droits aux Sahraouis, tout en sortant de la marginalité et des conditions difficiles des camps de Tindouf.

Ce clivage, longtemps latent, pourrait s’exacerber si les perspectives de reconnaissance internationale de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) continuent de s’effriter. Des voix internes pourraient alors émerger pour appeler à une révision stratégique des objectifs du mouvement.


3. La pression des jeunes générations sahraouies

Une autre source potentielle de fracture est la jeunesse des camps, de plus en plus frustrée par la stagnation, les conditions de vie précaires et l’absence de perspectives. Cette génération, moins attachée aux récits idéologiques des années 70-80, pourrait se montrer réceptive à une solution concrète, comme celle proposée par le Maroc, surtout si elle s’accompagne d’investissements, d’emplois et d’une autonomie réelle dans la gestion locale.


4. L’Algérie face à un dilemme stratégique

L’Algérie, pilier historique du soutien au Polisario, risque également de faire face à un paradoxe : plus elle défend une position de blocage, plus elle pourrait pousser certains cadres sahraouis à chercher une issue alternative. Cela pourrait compromettre sa stratégie d’influence régionale, d’autant plus que son isolement diplomatique sur ce dossier s’accroît à mesure que d’autres puissances s’alignent sur Rabat.


Conclusion : vers une fragmentation du Polisario ?

Face à la dynamique internationale actuelle, le Front Polisario pourrait connaître une crise existentielle. Le risque d’un éclatement entre courants irréconciliables est réel. D’un côté, une ligne idéologique figée, soutenue par Alger. De l’autre, une fraction plus pragmatique, prête à envisager une solution dans le cadre de l’autonomie marocaine.

Le dilemme est désormais clair : rester fidèle à une cause de plus en plus orpheline sur la scène mondiale, ou négocier une sortie honorable qui offre des perspectives aux Sahraouis eux-mêmes. Le prochain chapitre se jouera peut-être non plus entre Rabat et Alger, mais au sein même du Polisario.

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