L’Égypte accusée de rompre un engagement envers l’Algérie dans la course à la vice-présidence de la Commission de l’UA
Alors que les élections pour les postes clés de l’Union africaine (UA) approchent, une polémique éclate entre l’Algérie et l’Égypte. Alger accuse le Caire d’avoir violé un accord tacite en présentant, sans préavis, sa propre candidate au poste de vice-présidente de la Commission de l’UA, alors qu’elle s’était engagée à soutenir la diplomate algérienne Selma Malika Haddadi.
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Contexte : Une compétition nord-africaine stratégique
Le poste de vice-présidence de la Commission de l’UA, attribué à l’Afrique du Nord et réservé à une femme, est crucial pour influencer les finances et les politiques continentales. Trois candidates étaient initialement en lice :
- Latifa Akharbach (Maroc), experte en communication et diplomatie .
- Selma Malika Haddadi (Algérie), ambassadrice en Éthiopie et spécialiste des affaires africaines .
- Hanan Morsy (Égypte), économiste chevronnée avec 25 ans d’expérience dans des institutions comme la Banque africaine de développement .
L’Algérie a mené une campagne diplomatique intense depuis décembre 2024, avec des tournées en Ouganda, Angola, Burundi et Éthiopie pour promouvoir Haddadi, présentée comme une candidate « ambitieuse et expérimentée » . Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a personnellement porté ce dossier, soulignant l’importance d’une « collaboration transparente » au sein de l’UA.
La rupture égyptienne : Un revirement inattendu
Le 6 décembre 2024, l’Égypte a officiellement annoncé la candidature de Hanan Morsy lors d’un événement à Addis-Abeba, mettant en avant son expertise en gestion de la dette et en libre-échange continental . Cette décision a surpris Alger, qui affirme que le Caire s’était engagé à soutenir Haddadi dans le cadre d’un accord régional non formalisé.
Selma Malika Haddadi, déjà fragilisée par l’échec retentissant de l’Algérie à intégrer le Conseil de paix et de sécurité de l’UA en février 2025 , voit désormais ses chances compromises par la division des voix nord-africaines. Les analystes estiment que ce revirement égyptien pourrait profiter à la candidate marocaine, Latifa Akharbach, dont le pays jouit d’un solide réseau d’alliances au sein de l’UA .
Réactions et implications
- Côté algérien : Les médias et diplomates dénoncent une « trahison stratégique », soulignant que l’Égypte n’a jamais évoqué publiquement sa candidature avant décembre 2024, malgré des mois de discussions bilatérales.
- Côté égyptien : Le Caire justifie sa décision par la nécessité de promouvoir une candidate « hautement qualifiée », en phase avec les réformes économiques de l’UA.
Cette rivalité expose les fractures géopolitiques en Afrique du Nord, où le Maroc, l’Algérie et l’Égypte se disputent l’influence continentale. Elle risque également d’affaiblir la position nord-africaine face à d’autres régions, comme l’Afrique de l’Est, où un duel serré oppose le Kenyan Raila Odinga et le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf pour la présidence de la Commission .
Conclusion : Un sommet de l’UA sous haute tension
Le sommet des 15 et 16 février 2025 à Addis-Abeba s’annonce tendu, avec des élections marquées par des calculs diplomatiques complexes. Si l’Algérie tente encore de sauver la candidature de Haddadi, l’entrée en scène de l’Égypte illustre la volatilité des alliances africaines. Reste à savoir si les États membres privilégieront les compétences techniques (Morsy), l’expérience diplomatique (Akharbach) ou les promesses de réforme (Haddadi) dans un contexte où la crédibilité de l’UA est en jeu.