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Les conflits actuels entre l’Algérie et le Maroc : une rivalité exacerbée
Les tensions entre l’Algérie et le Maroc, ancrées dans une rivalité historique, connaissent une intensification ces dernières années. Les différends entre les deux pays touchent plusieurs domaines : politique, diplomatique, militaire et économique. La question du Sahara occidental, qui reste le principal point de discorde, s’est récemment accompagnée de nouvelles tensions liées à la sécurité, à l’énergie et aux alliances internationales.
1. La rupture des relations diplomatiques et la fermeture de l’espace aérien
En août 2021, l’Algérie annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actes hostiles » de la part du royaume. Parmi les accusations formulées par Alger :
- Le Maroc aurait soutenu le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation séparatiste classée terroriste par l’Algérie.
- Le rôle du Maroc dans les incendies meurtriers ayant ravagé la Kabylie en 2021, bien que non prouvé.
- L’affaire Pegasus, où des enquêtes ont révélé que le Maroc aurait utilisé un logiciel espion israélien pour surveiller des responsables algériens.
- Le rapprochement entre le Maroc et Israël, qui inquiète Alger, notamment en matière de coopération militaire.
Peu après cette rupture, l’Algérie ferme son espace aérien aux avions marocains, compliquant les liaisons aériennes entre l’Europe et plusieurs pays africains.
2. L’escalade militaire et les incidents frontaliers
Depuis 2021, les tensions militaires entre les deux pays se sont accrues :
- En novembre 2021, trois camionneurs algériens sont tués dans une frappe attribuée au Maroc sur un convoi circulant entre l’Algérie et la Mauritanie.
- En août 2023, un incident survient à Saïdia, où des garde-côtes algériens abattent des Marocains qui s’étaient égarés en jet ski près des eaux algériennes.
- L’accélération des achats d’armement, notamment par l’Algérie auprès de la Russie et par le Maroc auprès des États-Unis et d’Israël.
Ces événements traduisent une méfiance croissante entre les deux armées et augmentent les risques de confrontation.
3. La guerre diplomatique et les alliances stratégiques
Sur le plan diplomatique, les deux pays mènent une véritable guerre d’influence :
- L’Algérie intensifie son lobbying contre la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et obtient le soutien de plusieurs pays africains et latino-américains.
- Le Maroc mise sur un rapprochement avec Israël et un soutien renforcé des États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020.
- L’Union africaine et l’ONU restent paralysées, incapables de proposer une solution acceptable aux deux parties.
Les deux pays tentent également d’étendre leur influence en Afrique, notamment dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
4. La bataille économique et énergétique
Les tensions entre Rabat et Alger se ressentent aussi sur le plan économique :
- En novembre 2021, l’Algérie ferme le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traversait le Maroc pour alimenter l’Espagne. Ce geste prive le Maroc d’une source d’approvisionnement et de revenus en transit.
- Le Maroc développe des projets d’énergies renouvelables et cherche d’autres fournisseurs de gaz, notamment le Nigeria avec le projet du gazoduc Nigeria-Maroc.
- L’Algérie renforce ses partenariats énergétiques avec l’Italie et l’Espagne, consolidant son rôle de fournisseur majeur de gaz en Europe.
Cette guerre économique renforce l’isolement entre les deux pays et empêche toute coopération régionale.
5. Un avenir marqué par l’incertitude
Les tensions actuelles entre l’Algérie et le Maroc montrent peu de signes d’apaisement. Malgré des initiatives internationales pour favoriser le dialogue, les deux pays campent sur leurs positions. Sans une médiation forte et une volonté politique des deux côtés, le Maghreb risque de rester divisé, avec des conséquences négatives sur la stabilité et l’intégration régionale.
Les prochaines années seront cruciales pour voir si cette rivalité se transforme en un conflit direct ou si une ouverture diplomatique permet une détente progressive.