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Introduction
Après cinq ans de négociations, l’Union Européenne (UE) a finalement accepté de revoir l’accord de partenariat avec l’Algérie, signé en 2005. Un tournant qui intervient dans un contexte où l’Algérie déplore des pertes économiques estimées à 30 milliards de dollars, liées à un déséquilibre historique dans les échanges commerciaux. Alors que l’économie algérienne reste tributaire des exportations d’énergies fossiles, cet accord revisité ouvre la voie à une coopération renouvelée, axée sur les énergies renouvelables et une diversification stratégique.
Un déséquilibre coûteux et un appel à la révision
L’accord de 2005, conçu dans un contexte de crise économique et sécuritaire en Algérie, a longtemps favorisé les intérêts européens, notamment en matière d’exportations. Les entreprises algériennes, peu compétitives face aux standards européens, n’ont pas pu tirer profit d’un marché dominé par des règles rigides. Résultat : une balance commerciale déficitaire, accentuant la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures (98 % de ses exportations). La demande algérienne de révision s’inscrit donc dans une logique de préservation de ses intérêts économiques, mais aussi de diversification, notamment vers l’hydrogène vert, un secteur où le pays mise sur son potentiel solaire et éolien.
Pourquoi l’UE a-t-elle tardé à réagir ?
Deux facteurs clés expliquent le délai européen :
- Le contexte géopolitique global : L’UE, fragilisée par les tensions sino-américaines et la guerre en Ukraine, voit son influence reculer en Afrique et en Europe de l’Est. Le besoin de conserver des partenaires stables, comme l’Algérie, est devenu crucial.
- Les divisions internes à l’UE : Les relations de l’Algérie avec les États membres varient considérablement. Si la France, historiquement proche, use d’une rhétorique sécuritaire et interventionniste, l’Italie et l’Espagne ont opté pour une approche pragmatique, misant sur des projets comme l’hydrogène vert algérien. « L’Algérie a joué la carte de l’équilibre, en se rapprochant de Rome et Madrid, tout en ouvrant des portes à la Chine et aux États-Unis », soulignent des observateurs.
L’hydrogène vert : Levier d’influence et d’investissements
L’Algérie mise sur l’hydrogène vert pour séduire l’UE, confrontée à un dilemme : concurrencer la Chine, leader mondial des énergies renouvelables (350 milliards de dollars investis), ou risquer de perdre un partenaire clé. « L’UE n’a pas le luxe de choisir. Soit elle investit dans les projets algériens, soit elle laisse Pékin prendre le lead », analysent des experts. Avec des infrastructures en développement et des ressources naturelles abondantes, l’Algérie offre un marché prometteur, notamment face à la crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine.
La France, un partenaire en retrait ?
Alors que l’Italie et l’Allemagne multiplient les accords sur l’énergie, la France peine à s’adapter. Son approche traditionnelle, centrée sur la sécurité et le politique, contraste avec les dynamiques économiques actuelles. « Paris est isolé. Ses échecs en Afrique subsaharienne et son manque d’innovation énergétique l’ont affaibli face à une Algérie qui exige désormais des relations équitables », relèvent des analystes. La révision de l’accord pourrait ainsi marginaliser Paris au profit d’autres acteurs européens plus flexibles.
Au-delà de l’énergie : Les nouveaux fronts de coopération
L’Algérie ne se limite plus aux hydrocarbures. Elle ambitionne de pénétrer le marché européen via :
- Les minéraux et phosphates : Essentiels pour la transition verte.
- L’agroalimentaire : Avec une production en hausse, à l’image du cacao, sujet d’une récente campagne médiatique.
- L’électroménager et l’industrie légère : En s’alignant sur les normes européennes pour exporter directement.
Conclusion : Vers un partenariat réinventé ?
La révision de l’accord UE-Algérie marque un tournant stratégique. Pour l’UE, il s’agit de sécuriser un partenaire énergétique tout en contrant l’influence chinoise. Pour l’Algérie, c’est l’occasion de réduire sa dépendance aux hydrocarbures et d’imposer une relation plus équilibrée. Reste à voir si les divergences internes à l’UE, notamment le rôle de la France, ne freineront pas cette dynamique. Une chose est sûre : dans un monde multipolaire, l’Algérie a appris à jouer des rivalités pour défendre ses intérêts.