Tensions militaires en Afrique du Nord : l’Algérie et le Maroc s’affrontent par exercices interposés

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En mai 2025, le ciel du Maghreb a été traversé par deux manœuvres militaires d’ampleur : « Fortress Impregnable 2025 » côté algérien, et « African Lion 2025 » côté marocain. À première vue, deux simples exercices de routine. En réalité, ces déploiements simultanés soulignent un climat de méfiance grandissante entre les deux voisins, sur fond de rivalités géopolitiques, d’alliances internationales divergentes et d’un conflit non résolu : le Sahara occidental.

Deux démonstrations de force, deux visions du monde

L’Algérie, en orchestrant ses manœuvres près de Tindouf – zone sensible et stratégique à proximité directe du Maroc – entend affirmer sa souveraineté et rappeler son engagement indéfectible envers le Front Polisario. Sous la supervision du général Saïd Chengriha, « Fortress Impregnable 2025 » a mobilisé des unités du sud, soulignant une vigilance constante face aux « menaces transfrontalières ».

Simultanément, le Maroc accueillait la 21ᵉ édition d’« African Lion », un exercice multinational piloté par les États-Unis, avec plus de 20 pays participants, dont Israël. Ce dernier point cristallise l’opposition d’Alger, qui a boycotté l’événement, jugeant inacceptable toute coopération militaire incluant l’État hébreu. Depuis la rupture diplomatique entre Rabat et Alger en 2021, chaque geste militaire est scruté, chaque alliance interprétée comme une provocation.

Une escalade militaro-diplomatique dans un contexte régional fragile

Si la confrontation directe reste peu probable, la région connaît une montée en puissance des armements et une modernisation accélérée. Le budget militaire de l’Algérie dépasse désormais 25 milliards de dollars, avec l’achat d’avions russes de pointe et l’installation d’une base de MiG-29 près d’Umm al-Assal. Le Maroc n’est pas en reste, renforçant ses capacités avec des F-16 américains, des missiles Patriot et des drones Bayraktar turcs.

Au-delà de la simple démonstration de force, ces exercices sont devenus des outils de communication stratégique. L’Algérie affirme son indépendance militaire et son ancrage dans la sphère russo-chinoise, tandis que le Maroc assume pleinement son partenariat avec les États-Unis et Israël, dans une logique d’intégration régionale sécuritaire.

Un équilibre instable, aux implications internationales

Les experts s’accordent à dire que ces activités traduisent une phase nouvelle dans la rivalité maghrébine, à la fois militaire et diplomatique. Dans un Sahel fragilisé par le terrorisme et les putschs, l’absence de coopération entre les deux principales puissances d’Afrique du Nord risque de compromettre toute réponse régionale cohérente. L’évolution de cette dynamique dépendra des médiations internationales, de la capacité à renouer le dialogue, mais aussi de l’impact économique de ces choix d’alliances.

Conclusion

Les manœuvres de mai 2025 ne sont pas de simples exercices militaires. Elles révèlent les lignes de fracture d’un Maghreb en recomposition stratégique. Entre messages politiques, rivalités anciennes et recomposition des alliances, l’Afrique du Nord entre dans une période de tension accrue, où chaque manœuvre, chaque signature d’accord ou chaque absence est un acte hautement symbolique.

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