ActualitésTunisie : Kaïs Saïd a-t-il tué la démocratie ?

Tunisie : Kaïs Saïd a-t-il tué la démocratie ?

Tunisie : Kaïs Saïd a-t-il tué la démocratie ?

Depuis la révolution de 2011 qui a marqué le début du « Printemps arabe », la Tunisie a été considérée comme un modèle de transition démocratique dans le monde arabe. Toutefois, l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïd en 2019, un professeur de droit peu connu mais porté par une vague d’espoir populaire, a changé la donne. Aujourd’hui, beaucoup se demandent si le président tunisien n’a pas mis fin à cette démocratie naissante.

Un contexte économique et social tendu

Pour comprendre la situation actuelle, il est essentiel de se pencher sur le contexte économique et social de la Tunisie. La révolution de 2011 était avant tout motivée par des revendications sociales : le chômage, la pauvreté et l’injustice étaient au cœur des protestations. Une décennie plus tard, ces problèmes persistent. Le taux de chômage est élevé, la dette publique explose, et la confiance des citoyens envers les institutions est au plus bas. C’est dans ce contexte de frustration généralisée que Kaïs Saïd, perçu comme un homme intègre et hors du système, a été élu.

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Les actions controversées de Kaïs Saïd

Depuis son élection, Kaïs Saïd a entrepris une série de mesures qui ont suscité des débats à l’échelle nationale et internationale. Le 25 juillet 2021, il a suspendu le parlement, invoquant l’article 80 de la Constitution tunisienne qui lui permet de prendre des mesures exceptionnelles en cas de péril imminent. Il a également limogé le Premier ministre et pris le contrôle de l’exécutif. Bien que ses décisions aient été accueillies favorablement par une partie de la population, lassée des blocages politiques, elles ont été qualifiées de « coup d’État constitutionnel » par ses opposants.

En 2022, Saïd a proposé une nouvelle constitution, adoptée par référendum dans des conditions controversées, avec un taux de participation historiquement bas. Ce texte renforce les pouvoirs présidentiels au détriment du parlement et des contre-pouvoirs, marquant un recul significatif pour la séparation des pouvoirs.

Dérives autoritaires et critiques

Les décisions de Kaïs Saïd ont provoqué une réaction en chaîne. Plusieurs organisations de la société civile, dont le prestigieux syndicat UGTT, ont exprimé leurs inquiétudes face à une concentration excessive du pouvoir. Des journalistes, des militants et des opposants politiques ont été arrêtés ou harcelés, alimentant les accusations de dérive autoritaire. La communauté internationale, tout en évitant une confrontation directe, a multiplié les appels au respect des droits humains et des principes démocratiques.

Les conséquences pour la Tunisie

Le basculement opéré sous le règne de Kaïs Saïd pose de nombreuses questions. La Tunisie, qui était souvent citée comme un exemple réussi de transition démocratique, risque de sombrer dans un système autoritaire. Si une partie de la population soutient encore Saïd, espérant qu’il pourra résoudre les problèmes économiques et sociaux, d’autres craignent que la centralisation du pouvoir n’aggrave la situation.

En fin de compte, la question reste ouverte : Kaïs Saïd a-t-il tué la démocratie tunisienne ou est-il en train de redéfinir un modèle politique adapté aux besoins du pays ? L’avenir de la Tunisie dépendra en grande partie de la capacité des acteurs politiques, de la société civile et de la population à trouver un équilibre entre stabilité et respect des principes démocratiques.

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