Dans une nouvelle démonstration de dérive médiatique, la télévision publique algérienne s’est récemment illustrée par un reportage aussi sensationnaliste que mensonger. Selon ce dernier, un tunnel secret, s’étendant du territoire marocain jusqu’à la zone frontalière de Bab El Assah, dans la province de Tlemcen, aurait été découvert. Ce passage souterrain, affirmait la chaîne, serait utilisé par des réseaux de trafic de drogue pour déstabiliser l’Algérie. Une révélation qui aurait pu sembler alarmante… si elle n’avait pas été construite sur un tissu de mensonges, dévoilant un manque criant de professionnalisme et une volonté évidente de manipuler l’opinion publique.
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Une supercherie grossière : des images détournées de Ceuta
Le scandale éclate lorsque des observateurs attentifs constatent que les images utilisées dans ce reportage ne sont pas nouvelles, ni même en lien avec la frontière algéro-marocaine. En réalité, elles proviennent d’une vidéo diffusée il y a plusieurs mois par les forces de sécurité espagnoles, documentant la découverte d’un tunnel dans la ville occupée de Ceuta, à des centaines de kilomètres de Tlemcen. Cette vidéo, clairement datée et contextualisée, n’a strictement aucun rapport avec l’Algérie ou le Maroc. Pourtant, la télévision d’État algérienne n’a pas hésité à la recycler, la sortant de son contexte pour l’intégrer à un récit accusant le Maroc de comploter contre son voisin.
Ce détournement grossier soulève des questions troublantes : s’agit-il d’une simple incompétence ou d’une tentative délibérée de tromper le public ? Dans les deux cas, l’incident met en lumière une dérive inquiétante des médias officiels algériens, où la véracité des faits semble secondaire face à des objectifs politiques.
Une propagande au service de la tension avec le Maroc
L’objectif de ce reportage ne semble pas être d’informer, mais de nourrir un climat d’hostilité envers le Maroc, désigné comme l’« ennemi extérieur » dans un narratif bien rodé. En accusant Rabat de soutenir des réseaux criminels pour « déstabiliser » l’Algérie, la télévision publique s’inscrit dans une longue tradition de rhétorique belliqueuse, souvent déconnectée de la réalité. Ce type de discours, loin de promouvoir une analyse objective, vise à maintenir un état de mobilisation nationale contre un voisin avec lequel les relations sont déjà tendues.
Pourtant, une question essentielle demeure sans réponse : pourquoi les autorités algériennes refusent-elles obstinément de coopérer avec le Maroc pour lutter contre les crimes transfrontaliers, comme le trafic de drogue ? Une telle collaboration, logique entre deux pays partageant une frontière commune, pourrait pourtant bénéficier aux deux parties. Mais à cette interrogation, les responsables algériens restent muets, préférant alimenter les accusations plutôt que de chercher des solutions concrètes.
La chute éthique des médias publics
Cet incident n’est pas une simple « erreur éditoriale ». Il révèle un problème structurel au sein des médias publics algériens, où les standards journalistiques – vérification des sources, rigueur factuelle, impartialité – semblent avoir été abandonnés au profit d’une propagande éhontée. La télévision, censée représenter la voix de l’État et servir l’intérêt public, s’est transformée en un outil de diffusion de récits conspirationnistes, au mépris de la confiance de ses téléspectateurs.
Dans un pays respectueux de ses institutions, un tel scandale aurait déclenché une enquête et des sanctions. En Algérie, il est probable que les responsables de ce reportage soient, au contraire, félicités pour avoir « servi la cause ». Cette impunité reflète un système où la vérité est sacrifiée sur l’autel d’une rhétorique sécuritaire, destinée à détourner l’attention des défis internes.
Un appel à la responsabilité
L’affaire du « tunnel de Tlemcen » est plus qu’une anecdote : elle symbolise la crise profonde que traverse le journalisme algérien sous l’égide des médias d’État. En choisissant de privilégier la propagande à l’information, la télévision publique non seulement trahit son public, mais contribue également à polariser davantage une région déjà marquée par les tensions.
En conclusion, le masque est tombé. La télévision algérienne, dans cette affaire, a montré qu’elle n’aspire plus à être un vecteur d’information, mais un instrument de manipulation. À quand une véritable réforme pour restaurer sa crédibilité ? Pour l’heure, le public mérite mieux qu’une fiction maladroite déguisée en reportage.