La nouvelle fonctionnalité de X, qui affiche désormais le pays d’origine réel de chaque compte, provoque un véritable séisme dans l’espace numérique maghrébin. En un clic, il est désormais possible de savoir si un utilisateur publie depuis le Maroc, l’Algérie… ou depuis bien plus loin. Et cette transparence redistribue les cartes d’une guerre médiatique déjà très active entre les deux voisins.
Table of Contents
Une option technique qui expose des réalités dérangeantes
Avec cette mise à jour, X offre une donnée essentielle : la géolocalisation du compte selon son pays d’opération.
Cette information, longtemps inexistante, a mis au jour des écarts flagrants entre l’identité affichée et l’origine réelle de certains profils.
Les premiers constats sont saisissants : des comptes se présentant comme marocains sont basés en Europe ; des comptes “algériens” sont gérés depuis Londres ; et de nombreux profils engagés sur la question du Sahara publient depuis les pays du Golfe.
Le mouvement Z212 sous un nouvel angle
Le mouvement Z212, très présent ces derniers mois et souvent présenté comme un phénomène interne marocain, apparaît désormais sous un jour plus complexe.
Plusieurs comptes associés publiaient depuis des pays tiers – Turquie, France, Émirats arabes unis, ou même Afrique de l’Ouest.
Cette découverte ne remet pas en cause l’existence de voix marocaines authentiques, mais elle démontre que l’amplification du mouvement a reposé, en partie, sur des relais extérieurs.
La frontière entre mobilisation locale et influence extérieure devient alors plus difficile à tracer.
🌍Des comptes du Golfe au cœur des narratifs régionaux
L’une des surprises révélées par la nouvelle option concerne la forte activité de comptes opérés depuis le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
Ces comptes – parfois très engagés dans les discours autour du Sahara, parfois ouvertement anti-Maroc ou anti-Algérie – occupent une place inattendue dans les flux d’information régionaux.
Leur présence interroge.
S’agit-il d’initiatives individuelles, de réseaux idéologiques, ou d’opérations concertées ?
Dans tous les cas, leur poids dans les narratifs maghrébins démontre que la rivalité Maroc–Algérie suscite l’intérêt d’acteurs extérieurs.
Une guerre d’influence qui dépasse le cadre maghrébin
Le conflit entre le Maroc et l’Algérie se joue aussi sur la scène numérique.
Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux sont devenus des espaces de confrontation où chaque camp tente d’imposer son récit, de contrer celui de l’autre et de séduire l’opinion internationale.
La nouvelle fonctionnalité de X révèle que ce duel n’est pas seulement bilatéral.
Des acteurs extérieurs – parfois très éloignés géographiquement – alimentent, orientent ou amplifient les discussions.
Cette dimension internationale redéfinit l’équilibre de la guerre informationnelle autour du Sahara Occidental.
Crédibilité fragilisée, stratagèmes exposés
L’affichage du pays d’origine a également eu un effet immédiat : la chute de crédibilité de nombreux comptes.
Certains profils se présentant comme des témoins sahraouis se sont révélés opérés depuis l’Europe.
D’autres, prétendument enracinés dans les réalités algériennes ou marocaines, tweetaient depuis le Moyen-Orient.
En rendant visible l’origine réelle des discours, X dévoile les stratégies de manipulation et réduit l’impact des campagnes anonymes.
Un tournant dans la lecture des dynamiques numériques
Cette fonctionnalité pourrait bien devenir un outil décisif pour comprendre les circulations narratives dans la région.
Elle permet de distinguer les voix locales des interventions extérieures, d’identifier les tentatives de fabrication de tendances et de mieux analyser les stratégies d’influence.
Pour le Maghreb, où les questions d’identité, de souveraineté et de territoire restent extrêmement sensibles, cette transparence marque un tournant.
Elle oblige à repenser la manière dont se construit l’opinion en ligne – et à reconnaître l’importance des acteurs non maghrébins dans la bataille médiatique.
Conclusion
Avec son nouveau système d’affichage du pays d’origine, X expose une réalité longtemps sous-estimée : la guerre médiatique entre le Maroc et l’Algérie dépasse largement les frontières du Maghreb.
Entre comptes européens, relais turcs, profils du Golfe et campagnes coordonnées, le débat numérique sur le Sahara Occidental s’est transformé en véritable scène géopolitique mondiale.
Cette transparence ne mettra pas fin à la bataille informationnelle, mais elle offre un outil inédit pour en comprendre les mécanismes.
Une chose est sûre : rien ne sera plus comme avant.